PORT-AU-PRINCE, 13 mars (Reuters) - Des hommes armés ont incendié durant la nuit un bâtiment dans la capitale d'Haïti, qui servait depuis longtemps de siège à la plus ancienne station de radio du pays, alors qu'une alliance de gangs continue de renforcer son pouvoir aux dépens des forces de sécurité locales.
Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux jeudi ont montré le bâtiment de plusieurs étages situé en plein centre-ville de Port-au-Prince complètement calciné après l'attaque. Radio Télévision Caraïbes a abandonné le bâtiment il y a un an après l'installation de gangs dans la zone.
Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste, le plus ancien journal d'Haïti, a condamné l'incendie dans un article sur X, estimant qu'il rappelait une attaque qui avait coûté un an plus tôt les bureaux et la presse du journal âgé de 126 ans.
"De plus en plus d'institutions disparaissent", a-t-il déclaré à la radio locale. "C'est notre histoire que nous perdons."
Le directeur du bureau pour l'Amérique latine de Reporters sans frontières, Artur Romeu, a déclaré au sujet de l'attaque contre la station de radio de 76 ans : "C'est une nouvelle tentative d'intimider les journalistes par la terreur et la destruction, visant à réduire au silence l'un des médias les plus influents du pays. Cette attaque met en lumière l'extrême précarité dans laquelle travaillent les journalistes haïtiens, risquant leur vie pour couvrir l'actualité."
En décembre dernier, deux journalistes ont été tués lors d'un événement prévu pour annoncer la réouverture du plus grand hôpital public d'Haïti, en plein centre-ville de Port-au-Prince. Bien que le ministre de la Santé n'ait pas été présent, des hommes armés ont ouvert le feu sur les journalistes réunis pour l'événement.
Le gouvernement haïtien, qui peine à contenir les avancées de gangs très armés et bien financés qui contrôlent désormais presque toute la capitale, a promis que l'attaque ne resterait pas impunie.
"Des mesures renforcées sont déployées pour sécuriser les médias ciblés par les criminels et garantir la sûreté de la population", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Depuis ce mois-ci, l'alliance de gangs Viv Ansanm fait l'objet d'attaques de la part des forces de sécurité gouvernementales utilisant des drones chargés d'explosifs, alimentant des rumeurs selon lesquelles le chef de gang Jimmy Cherizier, connu sous le nom de "Barbecue," aurait été tué.
Cherizier a ensuite fait une apparition dans une vidéo, menaçant des attaques de drones en représailles.
Au cours de la seule période allant de mi-février à début mars, plus de 42 000 personnes ont été contraintes de quitter leur domicile, et le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays en raison de la violence a maintenant ...