PARIS, 28 janv (Reuters) - La police française a ouvert une enquête suite à des menaces de mort proférées à l'encontre d'un juge et de deux procureurs impliqués dans une enquête visant la leader d'extrême droite Marine Le Pen, une affaire qui pourrait entraîner son inéligibilité pour l'élection présidentielle de 2027, ont déclaré des sources policières et judiciaires.
Ces menaces s'inscrivent dans un contexte plus large de menaces contre des juges, des procureurs et des élus en France, soulignant les profondes divisions autour de cette affaire.
Le Pen est donnée favorite pour remporter la prochaine élection présidentielle, prévue en avril 2027, selon les sondages d'opinion. Elle, son parti Rassemblement National (RN) et une vingtaine d'autres membres du parti sont accusés d'avoir détourné des fonds européens pour rémunérer du personnel en France. Ils nient les accusations.
Louise Neyton et Nicolas Barret, les procureurs en charge de l'affaire, demandent une interdiction de cinq ans d'exercer toute fonction publique pour Le Pen si elle est reconnue coupable. Cette interdiction ne serait pas susceptible d'appel.
Un collège de trois juges, dirigé par Bénédicte de Perthuis, doit rendre son verdict.
La police a ouvert une enquête après que Neyton, Barret et De Perthuis ont reçu des menaces de mort de la part de personnes publiant des commentaires sur un site d'extrême droite, ont déclaré quatre sources policières et judiciaires.
Selon Reuters, De Perthuis méritait « une balle de 9 mm dans le dos », a écrit « François Desvignes » dans les commentaires d'un article de Riposte Laïque daté du 6 octobre. Un autre commentateur, « Job », a déclaré que De Perthuis devrait être « éliminée le plus rapidement possible ».
Les menaces font l'objet d'une enquête de la Brigade de Répression de la Délinquance contre les Personnes (BRDP) de Paris, ont précisé les sources.
Le Préfecture de Police de Paris, qui héberge la BRDP, a confirmé l'ouverture d'une enquête. Elle a renvoyé les questions au parquet de Paris, qui a refusé de commenter.
Dans un éditorial du 19 janvier, Riposte Laïque a déclaré que son directeur, Guy Sebag, avait été interrogé par courrier électronique par des agents de la BRDP, et que les menaces de mort avaient été supprimées. Cependant, des versions archivées des articles sont disponibles.
Les alliés de Le Pen ont critiqué ce qu'ils considèrent comme un « acharnement judiciaire », faisant écho aux réactions du président américain Donald Trump et de l'ancien dirigeant brésilien Jair Bolsonaro face à des affaires judiciaires à leur encontre. Ils ont tous deux affirmé être victimes d'une chasse aux sorcières illégale.
Le 8 novembre, le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) de France, qui supervise le système judiciaire, s'est dit préoccupé par les récentes menaces contre les magistrats et a souligné l'importance de l'indépendance de la justice.
Ludovic Friat, président du plus grand syndicat de magistrats du pays, a déclaré qu'il était inévitable que la France succombe à une vague mondiale de colère contre l'establishment.
« La France n'est pas une île », a déclaré Friat. « Il n'y a aucune raison pour que nous échappions à ce que nous avons vu dans d'autres pays. »