Bruxelles, 25 février (Reuters) - L'unité Alphabet de Google a refusé d'autoriser une application d'électromobilité développée par Enel à accéder à sa plateforme Android Auto, un acte qui peut être considéré comme un abus de sa position dominante sur le marché, a déclaré mardi la plus haute juridiction européenne en soutenant l'autorité italienne de la concurrence.
L'organisme de surveillance italien a infligé une amende de 102 millions d'euros (106,7 millions de dollars) à Google en 2021 pour avoir bloqué JuicePass d'Enel sur Android Auto, un logiciel qui permet aux conducteurs de naviguer avec des cartes sur le tableau de bord de leur voiture et d'envoyer des messages tout en conduisant.
Google, qui avait invoqué des préoccupations de sécurité et l'absence d'un modèle spécifique pour refuser de rendre JuicePass compatible avec Android Auto, avait contesté la décision devant le Conseil d'État italien qui avait ensuite demandé des orientations à la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) basée au Luxembourg.
Google a depuis résolu le problème, mais le jugement pourrait guider les actions des entreprises dominantes dans des situations similaires à l'avenir.
Les juges de la CJUE ont soutenu le régulateur italien.
"Un refus par une entreprise en position dominante d'assurer l'interopérabilité de sa plateforme avec une application d'une autre entreprise, rendant ainsi cette application plus attractive, peut être abusif", ont-ils déclaré.
Cependant, la Cour a également indiqué que les entreprises peuvent justifier leur refus s'il n'existe pas de modèle pour la catégorie d'applications concernée et que l'interopérabilité compromettrait la sécurité ou l'intégrité de la plateforme.
Si tel n'est pas le cas, l'entreprise dominante doit développer un modèle dans un délai raisonnable, a-t-elle précisé.
Google a déclaré qu'il a maintenant lancé la fonction demandée par Enel, mais au moment de la demande, elle ne concernait que 0,04 % des voitures en Italie.
"Nous donnons la priorité au développement des fonctionnalités dont les conducteurs ont le plus besoin, car nous pensons que l'innovation doit être dictée par la demande des utilisateurs, et non par les demandes spécifiques des entreprises", a déclaré un porte-parole de Google.
La décision est définitive et ne peut pas faire l'objet d'un appel. Le Conseil d'État italien devra désormais se prononcer sur l'appel de Google conformément au jugement de la CJUE.
L'affaire porte la référence C-233/23 Alphabet et Autres.
($1 = 0,9558 euros).