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L'ACLU poursuit en justice pour bloquer les transferts de migrants vers Guantanamo, alléguant des "conditions dégradantes".

WASHINGTON, 1er mars (Reuters) - Un groupe américain de défense des droits civils a intenté samedi un procès pour empêcher l'administration Trump de transférer potentiellement 10 migrants des États-Unis vers une base navale à Guantánamo, à Cuba, en détaillant les conditions sévères et les tentatives de suicide parmi les migrants détenus là-bas.

L'American Civil Liberties Union, qui a déposé le procès devant le tribunal fédéral de Washington D.C., a déclaré que ces transferts violent la loi américaine sur l'immigration en déplaçant les détenus en dehors du pays et visent à semer la peur sans justification légitime.

Les 10 détenus de la plainte sont des hommes originaires du Venezuela, du Bangladesh, du Pakistan et de l'Afghanistan, avec des ordres d'expulsion définitifs, dont certains ont été menacés d'être envoyés à Guantanamo, a déclaré l'ACLU. Ces hommes, actuellement détenus au Texas, en Arizona et en Virginie, ne sont pas des membres de gangs ni des criminels à risque élevé, selon l'ACLU.

La porte-parole du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis, Tricia McLaughlin, a qualifié samedi le défi légal de l'ACLU de "sans fondement" et a déclaré que l'agence travaillerait avec le Département de la Justice pour combattre le procès.

Le président Donald Trump, un républicain, a promis de déporter un nombre record d'immigrants en situation irrégulière aux États-Unis. Dans le cadre des efforts visant à intensifier les expulsions, l'administration a envisagé, début février, de transférer des détenus vers un camp de détention situé sur la base navale américaine à Guantanamo Bay, principalement connue pour détenir des suspects de terrorisme étrangers.

Des migrants cubains et haïtiens interceptés en mer ont été détenus depuis des décennies dans une installation pour migrants sur la base. Cependant, selon l'ACLU, l'effort de l'administration Trump était le premier à transférer des migrants de cette manière depuis les États-Unis.

La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a déclaré qu'ils enverraient à Guantanamo, mais environ un tiers du groupe initial de 177 Vénézuéliens n'avaient aucun casier judiciaire, selon le département.

La plainte de l'ACLU allègue que les migrants détenus à Guantanamo ont été maintenus dans des pièces sans fenêtre pendant au moins 23 heures par jour, soumis à des fouilles corporelles invasives, et incapables de contacter leurs proches.

La plainte indique que les gardes "se livrent à des abus verbaux et physiques", comme attacher des détenus à une chaise, leur refuser de l'eau, les menacer de les abattre et fracturer la main d'une personne.

"Ces conditions dégradantes et cet isolement extrême ont conduit à plusieurs tentatives de suicide", indique la plainte.

Un juge fédéral a bloqué le transfert potentiel de plusieurs migrants vénézuéliens à Guantanamo à la mi-février, mais ces hommes - également représentés par l'ACLU - ont ensuite été expulsés vers le Venezuela.

Samedi, le New York Times a rapporté qu'un groupe d'avocats avait intenté un procès séparé contre le gouvernement panaméen devant la Commission interaméricaine des droits de l'homme, citant 10 Iraniens et 102 migrants détenus dans un camp au Panama comme plaignants.

Dans un autre procès déposé vendredi, des organisations de défense des droits des immigrants et d'autres ont intenté un procès pour bloquer les "programmes de parole" du président intérimaire Joe Biden qui ont permis à des centaines de milliers de personnes avec des sponsors américains ou fuyant un danger d'entrer légalement.

Le procès, déposé devant un tribunal fédéral du Massachusetts, soutient que l'administration n'a pas suivi les étapes réglementaires appropriées en mettant brusquement fin aux programmes pour les Cubains, les Haïtiens, les Nicaraguayens, les Vénézuéliens et les Ukrainiens avec des sponsors américains, ainsi qu'à un programme pour les Afghans ayant fui la prise de pouvoir par les talibans.