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L'Alberta prévoit un déficit budgétaire de 5,2 milliards de dollars canadiens si les tarifs de Trump sont mis en œuvre.

CALGARY, 27 février (Reuters) - La province canadienne productrice de pétrole de l'Alberta a prévu un déficit budgétaire de 5,2 milliards de dollars canadiens (3,5 milliards de dollars américains) pour l'exercice 2025/26 si sont mises en œuvre et diminuent les recettes gouvernementales et ralentissent la croissance économique.

La perspective reflète un revirement spectaculaire de la santé financière de l'Alberta, après ce qui devrait être un excédent budgétaire de 5,8 milliards de dollars canadiens au cours de l'exercice en cours, illustrant l'incertitude généralisée à laquelle sont confrontés les décideurs canadiens alors qu'ils luttent avec la situation des tarifs.

"Comment planifier un budget quand il y a tant d'inconnues, tant d'imprévisibilité avec le président américain et ce qu'il pourrait dire ou non dans les jours, semaines et mois à venir?", a déclaré le ministre des Finances de l'Alberta, Nate Horner, aux journalistes.

La province a estimé ses recettes pour 2025-26 à 74 milliards de dollars canadiens, soit 6,6 milliards de dollars de moins que sa prévision du troisième trimestre de 2024-25 de 81 milliards de dollars, largement en raison de prix du pétrole et de redevances attendus plus bas.

Elle a déclaré que la croissance de son produit intérieur brut devrait ralentir à 1,8 % en 2025 et 1,7 % en 2026, après une expansion estimée à 3 % l'année dernière.

L'Alberta a également prévu des déficits pour les exercices 2026/27 et 2027/28, respectivement de 2,4 milliards et 2 milliards de dollars canadiens.

Dans son document budgétaire annuel, l'Alberta a déclaré que ses projections reflètent un "conflit commercial modéré" anticipé entre les États-Unis et le Canada avec des tarifs potentiels et des mesures de rétorsion.

Le budget de l'Alberta repose sur une analyse selon laquelle un tarif de 25 % serait insoutenable pour l'économie américaine, et reflète ce que la province estime être un tarif moyen de 15 % pour l'année sur la plupart des biens et un tarif de 10 % sur le pétrole, a déclaré Horner.

Il a souligné que l'Alberta n'a aucune connaissance de ce que prévoit de faire le président américain Donald Trump en dehors de ce qu'il a dit publiquement, ajoutant que la province ne fait que faire sa "meilleure et plus raisonnable supposition" sur ce à quoi elle est confrontée.

Trump a mis en œuvre un tarif de 10 % sur toutes les importations de pétrole brut canadien aux États-Unis, et un tarif de 25 % sur tous les autres biens canadiens le 4 mars. Le Canada a déclaré qu'il appliquerait des tarifs sur 155 milliards de dollars canadiens de biens américains en réponse.

Cependant, il y a eu de la confusion sur le calendrier des tarifs, ainsi que sur leur durée.

Si un tarif de 25 % sur tous les biens autres que le pétrole était mis en œuvre, a indiqué la province jeudi, le manque à gagner pour l'Alberta serait beaucoup plus important et le déficit pourrait s'élever à 8,7 milliards de dollars en 2025/26.

Sans tarifs du tout, le déficit de l'Alberta serait de 2,9 milliards de dollars, montre le document budgétaire. La baisse des prix du pétrole mondial, la croissance démographique importante pesant sur les services publics et le coût d'une nouvelle réduction d'impôt sont d'autres facteurs mettant à mal les finances de la province.

L'Alberta est le siège des sables bitumineux, troisième plus grandes réserves mondiales de pétrole brut, ce qui signifie que son économie est étroitement liée aux prix du pétrole.

La province prévoit que l'écart de prix entre le brut lourd canadien et la référence américaine West Texas Intermediate s'élargira en raison des tarifs, pour atteindre en moyenne 17,10 dollars par baril en 2025/26, contre 13,20 dollars en 2024-25.

Cependant, l'Alberta a déclaré que son secteur de l'énergie est bien positionné pour relever ce défi, en partie en raison d'un dollar canadien plus faible qui contribuera à atténuer l'impact des tarifs. Le pétrole albertain est libellé en dollars américains, de sorte qu'un dollar canadien plus faible augmente la valeur des recettes pétrolières pour les producteurs canadiens.

Elle a déclaré que d'autres secteurs, comme l'agriculture et la fabrication, seraient plus durement touchés par les tarifs, et les consommateurs devraient également se montrer plus prudents.

L'Alberta a déclaré qu'elle doublerait la taille de son fonds de contingence annuel, passant de 2 milliards à 4 milliards de dollars canadiens, pour donner à la province la flexibilité nécessaire pour faire face à ce qu'elle a appelé une "incertitude économique accrue".