LONDRES, 5 mars (Reuters) - Le nombre de victimes potentielles de la traite des êtres humains au Royaume-Uni a atteint un record l'année dernière, ont montré des statistiques officielles jeudi, mettant en lumière une criminalité croissante que les experts estiment nécessiter des réformes politiques urgentes.
Les chiffres du ministère de l'Intérieur ont montré qu'il y a eu 19 125 signalements de victimes potentielles dans le Mécanisme National de Référence (NRM) - le système britannique d'identification et de protection des victimes - en 2024, dépassant le record de 2023 d'environ 17 000.
La traite des êtres humains, qui peut inclure la traite d'êtres humains, l'esclavage, la servitude ou le travail forcé, est en augmentation à l'échelle mondiale en raison d'un mélange de pauvreté, de conflits et de migrations, touchant des millions de personnes.
Ce crime prend différentes formes en Grande-Bretagne, où des hommes, des femmes et des enfants peuvent être contraints de travailler de manière exploitée dans le trafic de drogue ou sexuel, les stations de lavage de voitures, les salons de manucure, les foyers privés ou le secteur de l'aide sociale.
"Ces statistiques ne sont pas que des chiffres, ce sont des individus avec des voix, des voix auxquelles le gouvernement doit prêter attention," a déclaré Eleanor Lyons, commissaire indépendante à la lutte contre l'esclavage.
"Une stratégie interministérielle de lutte contre la traite des êtres humains est nécessaire pour permettre aux forces de l'ordre de donner la priorité à la lutte contre ce crime."
Le nombre réel de personnes vivant dans l'esclavage moderne en Grande-Bretagne est estimé à environ 130 000, selon le groupe de défense des droits de l'homme Anti-Slavery International.
Environ 23% des signalements dans le NRM étaient des ressortissants britanniques, la nationalité la plus représentée, tandis que les Albanais étaient la deuxième nationalité la plus signalée à 13%, suivis des Vietnamiens à 11%. Environ 31%, soit près de 6 000, des signalements concernaient des enfants.
Des organisations caritatives et des législateurs ont exhorté la Grande-Bretagne à modifier son approche de la lutte contre la traite des êtres humains, en garantissant une application plus stricte des lois sur le travail et en réformant la politique d'immigration, axée sur la lutte contre l'immigration illégale.
Des politiques d'immigration plus strictes dissuadent des milliers de personnes de se manifester de peur d'être expulsées, a rapporté Reuters le mois dernier.
"Les chiffres d'aujourd'hui soulignent un point crucial : la traite des êtres humains est un crime contre les individus et ne doit pas être confondu avec des infractions à l'immigration," a déclaré Mme Lyons.
Le gouvernement s'est engagé à recruter des dizaines d'autres agents pour traiter les demandes de soutien dans le NRM. Plus de 17 000 personnes attendaient une décision de deuxième étape sur leur demande à la fin de l'année dernière, ont montré des données officielles.