Les trois premiers mois de 2025 s'annoncent tumultueux, avec des investisseurs fuyant Wall Street à une vitesse inattendue suite au retour de Donald Trump à la Maison Blanche, alors que le monde semble sur le point d'entrer dans une guerre commerciale totale.
Les investisseurs sur les marchés émergents sont secoués par une série de crises internes, tandis que les marchés britanniques font face à leurs propres défis, l'impact des tarifs de Trump devenant apparent dans les données économiques mondiales.
Les actions américaines subissent des pertes considérables, les capitaux se dirigeant vers des marchés jusque-là négligés. L'indice STOXX 600 en Europe devrait afficher un gain de 9,3 % au premier trimestre, contre une perte de 4,5 % pour le S&P, marquant ainsi la meilleure performance par rapport à l'indice américain depuis 2015.
Les actions européennes ont pris de la valeur alors que les dirigeants tentent de trouver des moyens de financer les dépenses en matière de sécurité, le soutien américain ne semblant plus assuré. Les actions de la technologie chinoise ont bondi, tandis qu'un ensemble des grandes entreprises technologiques de Wall Street a chuté de 15 %.
Les actions mondiales, hors États-Unis, s'acheminent vers leur meilleure performance au premier trimestre depuis 2019.
Les investisseurs envisagent une alternative réelle aux actions américaines. Des ventes massives en Turquie, en Indonésie et en Colombie ont attiré l'attention sur des problèmes latents affectant certaines économies en développement.
Après un retour à une politique monétaire orthodoxe, les investisseurs semblaient réceptifs à la Turquie, mais l'arrestation du maire d'Istanbul, principal rival politique du président Erdogan, a provoqué une chute des actions et des obligations, amenant la banque centrale à relever ses taux.
Les inquiétudes concernant la stratégie budgétaire et les perspectives de croissance en Indonésie ont également affecté la monnaie et les actions, tandis qu'en Colombie, le ministre des Finances a démissionné en raison de conflits sur les réductions budgétaires, seulement quelques heures après le rejet d'une réforme du travail par des législateurs.
Les investisseurs, prudents face aux signes de ralentissement et à l'incertitude des tarifs, recevront de nouvelles données économiques américaines dans la semaine à venir, y compris un indicateur clé de l'inflation.
L'indice des dépenses de consommation personnelle (PCE) de février, très suivi, sera publié le 28 mars. La Réserve fédérale a relevé mercredi ses prévisions pour le PCE, le projetant à 2,7 % d'ici la fin de l'année, contre une prévision antérieure de 2,5 %, dépassant son objectif de 2 % pour l'inflation annuelle.
Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a indiqué que la banque centrale américaine souhaitait plus de clarté sur les politiques de l'administration Trump tout en évaluant le moment de reprendre les baisses de taux.
Les indices de confiance des consommateurs seront également au centre des attentions après une légère reprise en février.
Les investisseurs britanniques s'apprêtent à découvrir si la faiblesse de la croissance et une inflation inattendue ont suffisamment remis en question les objectifs budgétaires du gouvernement travailliste pour susciter un retour à des mesures d'austérité.
En parallèle à la déclaration budgétaire du ministre des Finances Rachel Reeves le 26 mars, le Bureau des prévisions budgétaires (OBR) devrait abaisser ses prévisions, qui, en octobre, estimaient que le gouvernement respecterait ses règles de dépense auto-imposées.
L'Institut des études fiscales a précisé qu'un léger abaissement de l'OBR forcerait Reeves à choisir entre des augmentations d'impôts, des coupes budgétaires ou des mois de "spéculations dommageables" concernant ses décisions dans le budget d'automne.
Les coûts de la dette à long terme au Royaume-Uni se situent environ 15 points de base en dessous des sommets historiques de janvier, mais les investisseurs obligataires craignent une violation des règles que le gouvernement ne peut corriger.
L'Australie et Tokyo publieront leurs rapports sur l'inflation la semaine prochaine, alors que les banquiers centraux du monde entier tentent d'évaluer l'impact des politiques de Trump sur les pressions de prix mondiales.
Les chiffres de l'inflation en Australie devraient rester stables en février, ce qui pourrait soutenir une approche prudente en matière de futures baisses de taux.
Les données sur l'inflation à Tokyo seront publiées vendredi, alors que la Banque du Japon continue de surveiller les pressions inflationnistes domestiques croissantes qui pourraient justifier un nouveau resserrement monétaire.
La Banque du Japon a maintenu ses taux inchangés lors de sa réunion de mars et n'a donné que peu d'indices sur le moment de sa prochaine hausse des taux, bien que le gouverneur Kazuo Ueda ait suggéré qu'elle pourrait en appliquer une avant même que la situation ne se stabilise.