WASHINGTON, 13 mars (Reuters) - Le président américain a menacé jeudi d'imposer des droits de douane de 200% sur le vin, le cognac et les autres importations d'alcool, ouvrant ainsi un nouveau front dans une guerre commerciale mondiale qui a secoué les marchés financiers et suscité des craintes de récession.
En réaction à une nouvelle salve de droits de douane prévue par l'Union européenne sur le whisky américain et d'autres produits le mois prochain, en réponse aux droits de 25% imposés par Trump sur les importations d'acier et d'aluminium, le président a proféré cette menace. La Commission européenne n'a pas immédiatement réagi à cette déclaration.
Le Canada, principal fournisseur d'aluminium des États-Unis et un proche allié, a également annoncé des contre-mesures aux droits de douane imposés par Trump sur les métaux et a porté le différend devant l'OMC. Les pourparlers entre les responsables américains et canadiens jeudi n'ont pas permis de percée.
Trump a menacé d'imposer toute une gamme de droits de douane depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, bien qu'il ait reporté bon nombre d'entre eux. Lors d'une réunion dans le bureau ovale avec le secrétaire général Mark Rutte plus tard jeudi, il a déclaré qu'il ne reculerait pas face aux droits de douane réciproques qu'il a promis d'imposer à tous les partenaires commerciaux le 2 avril.
"Nous avons été escroqués pendant des années, et nous ne nous laisserons pas escroquer," a-t-il déclaré.
L'alcool semble être devenu un point de friction clé dans cette guerre commerciale en gestation.
Certains détaillants canadiens ont retiré le bourbon américain de leurs étagères, et Trump a menacé d'annexer ce pays.
Le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, s'est entretenu jeudi avec le ministre des Finances canadien Dominic LeBlanc et le Premier ministre de l'Ontario Doug Ford pour discuter des droits de douane sur les métaux, ainsi que des questions économiques et de sécurité nationale, ont déclaré les responsables canadiens.
Après sa réunion avec Lutnick, Ford a déclaré aux journalistes à Washington : "Nous avons eu une réunion très, très productive [...] nous ressentons une baisse de tension, et nous avons également convenu d'avoir une autre réunion la semaine prochaine."
Les exportations de bourbon américain vers l'UE, d'une valeur de 26 milliards d'euros (28,31 milliards de dollars), seraient touchées, tout comme le secteur viticole et des spiritueux. Pernod Ricard, par exemple, a déjà revu à la baisse ses prévisions de ventes en raison des tarifs douaniers chinois imposés l'année dernière.
Des acteurs des deux côtés de l'Atlantique exhortent leurs dirigeants à désamorcer la situation.
"Cette spirale de représailles doit cesser maintenant !" a déclaré spiritsEurope, une organisation professionnelle.
Trump affirme que les droits de douane sont nécessaires pour revitaliser des industries américaines affaiblies après des décennies de mondialisation, et il a nommé à des postes-clés des responsables partageant cette vision.
Certains économistes estiment que l'incertitude menace la santé de l'économie américaine et fait courir le risque d'une récession. Un sondage publié mercredi révèle que 70% des Américains pensent que les droits de douane imposés par Trump rendront leurs achats courants plus chers.