Le 7 mars (Reuters) - L'économiste haïtien et ancien chef de la banque centrale Fritz Alphonse Jean a pris la présidence tournante du conseil présidentiel transitoire d'Haïti vendredi, assumant le rôle exécutif principal dans un pays en proie à un conflit avec des gangs armés.
Jean a succédé à l'architecte Leslie Voltaire lors d'une cérémonie amicale, suivant une transition plus houleuse en octobre lorsque le premier président est parti à la suite d'un désaccord non résolu.
Jean a remercié Voltaire lors d'une cérémonie à la Villa d'Accueil, qui sert désormais de siège du gouvernement, à la place du Palais National au centre de Port-au-Prince, qui est aujourd'hui le site de fréquentes batailles armées.
« Aujourd'hui, notre pays est en guerre, et il est impératif que nous nous unissions pour gagner », a-t-il déclaré lors d'un discours, promettant un « budget de guerre correctif » et de former plus de 3 000 nouveaux policiers et soldats cette année pour remédier aux lacunes en personnel.
Le gouvernement a dépensé environ 227 millions de dollars, soit 9 % de son budget 2024/25, pour la police nationale, selon les données de l'ONU, bien qu'elle reste sous-financée et en sous-effectif.
Une mission soutenue par l'ONU, avec environ 1 000 soldats en majorité kenyans, a partiellement été déployée en Haïti pour renforcer la police, mais depuis son arrivée, les gangs ont continué à sévir, contraignant des centaines de milliers d'autres personnes à quitter leur domicile.
Plus d'un million de personnes sont maintenant déplacées, soit près de 10 % de la population la plus nombreuse des Caraïbes.
Le mois dernier, l'ONU a affirmé dans une lettre vue par Reuters que la demande d'Haïti d'un soutien financier plus robuste ne pourrait être envisagée que si le pays réduit d'abord de manière substantielle le contrôle existant des gangs, proposant cependant un modèle hybride pour renforcer le maigre soutien à la sécurité reçu jusqu'à présent.
Jean a également réaffirmé son engagement à organiser des élections longtemps retardées d'ici le 7 février 2026, date limite constitutionnelle, une démarche encouragée par l'ONU mais que les critiques craignent de légitimer les puissants chefs de gang.
Voltaire a déclaré que la transition de vendredi s'est déroulée dans « une atmosphère de respect mutuel, d'amitié, de solidarité et de continuité ».
Le mandat de Jean devrait se poursuivre jusqu'au 7 août de cette année, après quoi l'homme d'affaires Laurent Saint-Cyr devrait prendre le relais jusqu'à la date limite de février 2026.
Trois membres du conseil, qui font partie des neuf membres du conseil exécutif supérieur, restent exclus de l'ordre du jour de direction.
Le conseil transitoire, introduit en avril de l'année dernière et marqué par des querelles politiques, a été vivement critiqué par diverses factions de la société, y compris les deux principaux syndicats de police du pays, pour n'avoir pas réussi à aborder la violence.