SARAJEVO, 17 mars (Reuters) - Le leader séparatiste serbe bosniaque, Milorad Dodik, a annoncé lundi la mise en place d'une force de police des frontières pour sa région majoritairement serbe, après qu'une haute cour bosnienne ait demandé sa détention pour avoir refusé de répondre aux convocations des procureurs.
Dodik, président de la République serbe autonome de Bosnie, a déjà lancé un ensemble de lois qui dérogent aux autorités de l'État et violent la constitution, créant la plus grande crise constitutionnelle dans le pays des Balkans depuis la fin de sa guerre des années 1990.
Dodik a déclaré sur les réseaux sociaux que la direction principale de la région avait convenu lundi de former sa police des frontières en conformité avec les Accords de paix de Dayton qui ont mis fin à la guerre de 1992-1995, dans le cadre de son effort pour annuler toutes les réformes d'après-guerre visant à renforcer le pays fragile.
En vertu de l'accord de paix parrainé par les États-Unis, la Bosnie a été divisée en deux régions autonomes, la République serbe et la Fédération bosniaque-croate, reliées par un gouvernement central faible et supervisées par un envoyé international dont le rôle est de prévenir le retour du pays balkanique multiethnique au conflit.
Le différend, qui oppose Dodik et ses alliés russes et serbes aux États-Unis et à l'Union européenne, a débuté en février avec une condamnation à un an de prison et une interdiction d'exercer des fonctions publiques pendant six ans pour avoir défié les décisions de l'envoyé, et qu'il peut contester.
Dodik a ensuite initié des lois interdisant à la justice de l'État et à la police d'opérer dans la région, contestées de manière provisoire par la Cour constitutionnelle arguant qu'elles mettaient en danger l'ordre légal et constitutionnel du pays ainsi que sa souveraineté.
Les procureurs de l'État ont demandé la semaine dernière l'arrestation de Dodik, du Premier ministre de la région Radovan Viskovic, et du président du parlement Nenad Stevandic, qui ont ignoré leurs convocations dans le cadre d'une enquête sur une attaque contre l'ordre constitutionnel.
Mais leur arrestation est apparue comme une opération à haut risque après que la police de la région ait déclaré qu'elle protégerait les responsables.
La décision de Dodik de former une police des frontières distincte survient après des informations médiatiques faisant état d'un mandat d'arrêt émis par les procureurs de l'État à l'encontre des trois responsables, signifiant que toute unité de police du pays devrait les arrêter et qu'ils ne peuvent pas quitter la Bosnie.
Dodik avait déjà annoncé son voyage à Moscou cette semaine.
Le nationaliste pro-russe de 66 ans a occupé des postes de haut niveau aux niveaux national et régional depuis près de 30 ans. Au cours de la dernière décennie, il a fortement plaidé en faveur de la sécession de la région serbe de la Bosnie et de son unification avec la Serbie.