FRANCFORT, 6 février (Reuters) - La Banque centrale européenne espère que le plan du président américain Donald Trump de soutenir les cryptomonnaies adossées au dollar américain accélérera le soutien législatif en faveur de l'euro numérique, a déclaré à Reuters Piero Cipollone, membre du conseil de la BCE.
La BCE conçoit sa monnaie numérique - essentiellement un portefeuille en ligne garanti par la banque centrale - en partie comme un moyen de paiement électronique ne dépendant pas des grands fournisseurs américains tels que Visa et PayPal.
Cipollone a déclaré que le soutien de Trump à une cryptomonnaie liée au dollar contribuerait à créer un autre outil de paiement d'origine américaine et ajouterait de l'urgence à la situation.
La Commission européenne a proposé une législation sur l'euro numérique en juin 2023, mais peu de progrès ont été réalisés depuis, en raison du scepticisme de certains législateurs et banquiers.
Le monde politique est de plus en plus vigilant à ce sujet", a déclaré Cipollone lors d'une interview mercredi. "Et il est possible que nous assistions à une accélération du processus.
Cipollone espérait que le Parlement et le Conseil de l'UE finaliseraient le travail sur la législation de l'euro numérique avant l'été, ouvrant la voie à des négociations avec la Commission.
Cela laisserait la place à l'adoption des nouvelles règles d'ici novembre, date à laquelle les responsables de la BCE doivent voter sur le lancement ou non de la monnaie numérique.
Les processus politiques sont complexes et de nombreuses choses sont en jeu", a affirmé Cipollone. "Bien sûr, plus tôt c'est fait, mieux c'est, mais nous comprenons pleinement leurs besoins.
Interrogé par Reuters sur ce calendrier, le député européen Markus Ferber a déclaré que le Parlement pourrait au mieux avoir un rapport prêt pour l'été.
Tout comme les fonds du marché monétaire, les stablecoins offrent une exposition aux taux d'intérêt à court terme dans une monnaie officielle, mais peuvent également être utilisés pour effectuer des paiements.
Cipollone a qualifié de "préoccupante" la propagation des stablecoins américains en tant que moyen de paiement, car elle menace de détourner les dépôts des banques européennes.
Si les Européens commencent à utiliser des stablecoins pour payer, étant donné que la plupart d'entre eux sont américains et adossés au dollar, ils transféreront leurs dépôts de l'Europe vers les États-Unis, a-t-il déclaré.
Les banquiers craignent qu'un euro numérique ne vide également leurs coffres à mesure que les clients transfèrent une partie de leur argent vers la sécurité d'un portefeuille garanti par la BCE.
Pour répondre à ces préoccupations, la BCE a indiqué que les avoirs seraient probablement plafonnés à quelques milliers d'euros et ne seraient pas rémunérés.
Le Nigeria, la Jamaïque et les Bahamas ont déjà lancé une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) et 44 autres pays, notamment la Russie, la Chine, l'Australie et le Brésil, mènent des projets pilotes, selon le groupe de réflexion du Conseil de l'Atlantique.
En revanche, Trump a interdit à la Réserve fédérale américaine d'émettre sa propre CBDC.