Varsovie, 11 mars (Reuters) - Le vice-premier ministre polonais a promis ce mardi de maintenir les projets visant à introduire une nouvelle taxe sur les grandes entreprises technologiques, répondant ainsi à une menace de représailles de la part du futur ambassadeur des États-Unis dans un climat tendu de disputes verbales entre Varsovie et Washington.
Les politiques du président américain Donald Trump en matière de sécurité et de commerce ont ébranlé les relations entre Washington et ses alliés traditionnels en Europe. Un affrontement particulièrement public concernant l'Ukraine entre Washington et les plus hauts responsables de Varsovie le week-end dernier illustre l'ambiance qui se détériore.
Le lundi soir, le futur ambassadeur américain en Pologne, Thomas Rose, a lancé une nouvelle critique envers Varsovie, déclarant sur X que les projets annoncés par le vice-premier ministre Krzysztof Gawkowski d'imposer une nouvelle taxe aux grandes entreprises technologiques étaient "peu intelligents".
"Une taxe auto-destructrice qui ne fera de mal qu'à la Pologne et à ses relations avec les États-Unis", a écrit Rose. "Le président Trump réagira comme il se doit. Revenez sur cette taxe pour éviter les conséquences!"
Interrogé lors d'une entrevue avec la station de radio privée Radio Zet ce mardi concernant les commentaires de Rose, Gawkowski, membre du parti de Gauche, un partenaire minoritaire dans la coalition gouvernementale polonaise, a déclaré qu'il était "malade" qu'une personne puisse dire à un autre pays quelle législation elle peut adopter.
"C'est renverser la démocratie", a-t-il ajouté.
La ministre des Fonds polonais, Katarzyna Pelczynska-Nalecz, membre d'un autre parti de la coalition minoritaire, le centre-droit Poland2050, a remis en question le plan de Gawkowski d'introduire la taxe maintenant.
Elle a déclaré à la chaîne de télévision publique TVP Info que même si elle pensait dans l'ensemble qu'une taxe sur les grandes entreprises technologiques était une bonne idée, le moment choisi était "incompréhensible" étant donné les risques d'une guerre commerciale.
Gawkowski n'a pas donné beaucoup de détails sur la taxe prévue, mais a mentionné qu'elle pourrait cibler les bénéfices réalisés par les grandes entreprises technologiques en Pologne et soutenir le développement des entreprises technologiques polonaises.
Les commentaires de Gawkowski, qui est également ministre des Affaires numériques, sont intervenus après une dispute entre le secrétaire d'État américain Marco Rubio, le milliardaire technologique Elon Musk et le ministre des Affaires étrangères polonais Radoslaw Sikorski.
Rubio a accusé Sikorski de "fabuler" et a laissé entendre qu'il était ingrat, après avoir suggéré que la Pologne pourrait devoir chercher un nouveau fournisseur de services Internet pour l'Ukraine si Starlink d'Elon Musk devenait peu fiable.
La Pologne paie l'abonnement Starlink pour l'Ukraine.
Le lundi, le Premier ministre polonais est également intervenu dans la bataille sur les réseaux sociaux, mettant en garde les "amis" de la Pologne contre "l'arrogance" dans un post sur X.
Le parti d'opposition nationaliste polonais Droit et Justice (PiS) a critiqué l'approche du gouvernement, affirmant qu'elle nuit aux relations avec l'allié le plus important de la Pologne.