Protection judiciaire suite à des menaces
La juge qui a interdit à la dirigeante d'extrême droite de se présenter à l'élection présidentielle de 2027 en France bénéficie d'une protection policière après avoir reçu des menaces de mort et avoir vu son adresse personnelle partagée en ligne, a indiqué une source proche du dossier.
L'adresse de Benedicte de Perthuis - présidente d'un tribunal de trois juges ayant déclaré Le Pen coupable de détournement de fonds européens et lui ayant infligé une interdiction de cinq ans d'accès à des fonctions publiques - a été divulguée en ligne après sa décision rendue lundi. Elle reçoit désormais une protection policière tant au travail qu'à son domicile.
De Perthuis a également reçu des menaces sur les réseaux sociaux, sa photo étant largement diffusée sur X et sur des sites d'extrême droite.
La police de Paris a confirmé qu'une enquête était en cours concernant ces menaces, renvoyant les demandes complémentaires au parquet de Paris, qui n'a pas répondu.
Les menaces contre de Perthuis et d'autres responsables judiciaires impliqués dans le procès de Le Pen ont suscité une introspection en France concernant un courant de mécontentement populiste qui mine la confiance dans le système judiciaire du pays.
Près de 90% des partisans du Rassemblement National (RN) de Le Pen estiment que le tribunal l'a traitée plus sévèrement que d'autres politiciens, tandis que plus de la moitié des Français pensent qu'elle a bénéficié d'un procès équitable, selon un sondage Odoxa publié lundi.
Avant la décision de lundi, Le Pen était la candidate en tête pour les élections de 2027. Elle et ses alliés, tant en France qu'à l'étranger, accusent l'establishment français de saboter ses ambitions présidentielles, affirmant que les juges ont provoqué une crise pour la démocratie en s'immisçant dans la politique.
Le Pen a nié avoir attisé une réaction contre la justice et a condamné les menaces envers de Perthuis. Elle s'est engagée à utiliser des moyens légaux pour renverser sa sentence en faisant appel de la décision.
Christophe Soulard, président de la Cour de cassation, la plus haute juridiction française, a déclaré dans une interview au Monde publiée mercredi que ces menaces montrent que la démocratie française est affaiblie et traverse un "moment inquiétant".
"Attaquer le système judiciaire n'est pas seulement une attaque contre les juges, mais aussi contre les fondements de notre démocratie," a-t-il déclaré. "Les juges sont aujourd'hui attaqués personnellement, en particulier sur les réseaux sociaux, ce qui est un nouveau phénomène."
Le jugement concernant Le Pen et les menaces contre de Perthuis résonnent avec des frictions observées dans d'autres pays concernant des questions politiques épineuses.
Après que le président Donald Trump a appelé à la destitution d'un juge, il a émis un rare communiqué public le mois dernier déclarant que des appels, et non des procédures de destitution, étaient la réponse appropriée aux désaccords avec les décisions judiciaires.
Le soutien politique en faveur de de Perthuis et de ses collègues a afflué, y compris de la part du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui a condamné les menaces, et du Conseil supérieur de la magistrature.
Mathilde Panot, à la tête d'un parti d'extrême gauche à l'Assemblée nationale, a qualifié d'inacceptable qu'une juge doive bénéficier d'une protection policière et a dénoncé ce qu'elle a appelé les "méthodes de l'extrême droite".