OTTAWA, 24 février (Reuters) - Les principaux candidats à la succession du Premier ministre canadien Justin Trudeau ont passé beaucoup de temps lors d'un débat télévisé lundi à discuter de la nécessité de tenir tête au président américain Donald Trump.
Les prochaines élections doivent avoir lieu avant le 20 octobre cette année et jusqu'à récemment, les conservateurs, l'opposition officielle, semblaient en bonne voie de l'emporter facilement après plus de neuf ans de règne libéral.
Mais la course est aujourd'hui beaucoup plus incertaine, grâce aux menaces de Trump d'imposer des droits de douane sur toutes les importations en provenance du Canada.
"Trump représente la plus grande menace pour le Canada depuis la Seconde Guerre mondiale", a déclaré l'ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, lors d'un débat en français de deux heures entre les quatre candidats.
Freeland, qui a contribué à négocier l'accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique pendant le premier mandat de Trump, a déclaré que le président avait alors promis de mener une guerre économique contre le Canada.
"Mais cette fois, les menaces de Trump sont pires - il veut faire du Canada le 51e État", a-t-elle ajouté. Le Canada envoie 75% de ses exportations de biens et services aux États-Unis et sombrerait dans une récession si les tarifs restaient en place.
Mark Carney, ancien banquier central et favori des sondages, a déclaré que Trump ne réussirait jamais à concrétiser sa menace de faire du Canada un État des États-Unis.
"En ce moment, le Canada est confronté à la pire crise de notre vie... Je sais comment gérer les crises", a-t-il déclaré. Carney a dirigé la Banque du Canada pendant la crise financière de 2008-2009, puis la Banque d'Angleterre pendant le vote sur le Brexit.
Carney et Freeland affirment tous deux que le Canada doit réagir de manière robuste à d'éventuels tarifs douaniers de Trump.
La démission de Freeland en décembre dernier après neuf ans au gouvernement a déclenché une crise qui a finalement contraint Trudeau à annoncer le mois dernier qu'il se retirerait. Le nouveau chef sera nommé le 9 mars.
Les conservateurs, qui affirment qu'il n'y a aucune différence entre Trudeau et les deux principaux prétendants à la direction, ont publié un communiqué de presse plus tôt dans la journée intitulé "L'astucieux Carney doit dire la vérité aux Canadiens".
Les deux candidats restants sont l'ancienne ministre du cabinet Karina Gould et l'ancien législateur libéral Frank Baylis.
Les quatre participeront à un débat en anglais, l'une des deux langues officielles du Canada, mardi.