PEKIN, 14 février (Reuters) - Plusieurs dizaines de groupes non gouvernementaux surveillant les dissidents, les droits de l'homme et des travailleurs en Chine ont licencié des employés après avoir été contraints de suspendre leurs activités suite à un gel des financements par le président américain Donald Trump, affirment les observateurs.
Ces groupes sont essentiels pour documenter une répression de longue date menée par le président Xi Jinping à l'encontre des minorités, des défenseurs des droits et des avocats. L'an dernier, l'UE a évoqué une situation "très grave" concernant les droits de l'homme en Chine, notamment dans les régions du Xinjiang, du Tibet et de Hong Kong.
"Beaucoup de ces ONG ont été prises au dépourvu - elles pensaient, en raison de la compétition entre les États-Unis et la Chine, que même en cas de coupes budgétaires, les programmes en Chine seraient maintenus", a déclaré Maya Wang, directrice associée pour la Chine à Human Rights Watch.
"La suspension du financement américain pour ces causes portera en fait un coup très dur à la société civile mondiale".
Parmi les groupes touchés, on retrouve Freedom House, basé aux États-Unis, qui a indiqué que son projet China Dissent Monitor, dirigé par des chercheurs à Taipei qui tiennent une base de données publique sur les manifestations chinoises, a dû suspendre toutes ses recherches en raison du gel des financements.
Freedom House a reçu 80 millions de dollars de subventions du gouvernement américain en 2024, représentant 88% de ses revenus annuels, montre son rapport financier.
Sa base de données sur la dissidence, qui recense plus de 7 000 manifestations depuis 2022, est devenue un outil important pour les journalistes et les chercheurs sur la Chine alors que le gouvernement tentait de réprimer les manifestations liées à la baisse de l'économie et à la forte augmentation du chômage des jeunes.