PANAMA CITY, le 2 février (Reuters) - Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a mis en garde le président panaméen José Raúl Mulino dimanche, affirmant que Washington prendra "les mesures nécessaires" si le Panama ne prend pas immédiatement des mesures pour mettre fin à ce que le président considère comme l'influence et le contrôle de la Chine sur le canal de Panama.
Mulino, après des entretiens avec le haut diplomate américain à Panama City, a indiqué qu'il examinerait les accords impliquant la Chine et les entreprises chinoises, et a annoncé une coopération accrue avec les États-Unis sur la migration, tout en réaffirmant que la souveraineté de son pays sur la deuxième voie navigable la plus fréquentée du monde n'est pas sujette à discussion.
Rubio a transmis un message de Trump selon lequel la présence de la Chine - à travers une entreprise basée à Hong Kong exploitant deux ports près des entrées du canal - constituait une menace pour la voie navigable et une violation du traité entre les États-Unis et le Panama, a déclaré la porte-parole du département d'État américain, Tammy Bruce, dans un communiqué.
Le secrétaire Rubio a clairement indiqué que ce statu quo est inacceptable et qu'en l'absence de changements immédiats, les États-Unis prendraient les mesures nécessaires pour protéger leurs droits en vertu du traité, a déclaré Bruce.
Rubio n'a pas précisé les mesures que le Panama devait prendre ni à quoi ressemblerait une éventuelle riposte américaine.
À son retour au pouvoir, Trump a menacé de prendre le contrôle du canal de Panama, construit par les États-Unis au début du XXe siècle et remis au Panama en 1999, affirmant que le canal est exploité par Pékin.
Il n'a pas exclu l'utilisation de la force militaire contre le Panama, ce qui lui a valu des critiques de la part des amis et des ennemis de Washington en Amérique latine.
Rubio, un fervent opposant à la Chine pendant son mandat au Sénat, a déclaré la semaine dernière sur The Megyn Kelly Show de Sirius XM que la Chine pourrait utiliser les ports pour, une voie vitale pour la navigation américaine en cas de conflit entre Pékin et Washington.
Mulino a déclaré que sa réunion avec Rubio s'était déroulée dans le respect et la cordialité. Il s'est montré disposé à revoir certaines entreprises chinoises au Panama, y compris une concession clé de 25 ans à CK Hutchison Holdings, basée à Hong Kong, renouvelée en 2021 pour l'exploitation des ports aux deux entrées du canal, dans l'attente des résultats d'un audit.
Le contrat a été critiqué par les législateurs américains et le gouvernement comme un exemple de l'expansion de la Chine au Panama, ce qui, selon eux, va à l'encontre d'un accord signé par les deux pays en 1977.
Le gouvernement panaméen et certains experts rejettent cette affirmation, principalement parce que les ports ne font pas partie des opérations du canal. Le canal est exploité par l'Autorité du canal de Panama, un organisme autonome supervisé par le gouvernement panaméen.
Le vaste accord entre le Panama et la Chine visant à contribuer à l'initiative "la Ceinture et la Route" de la Chine, dans le cadre de laquelle le pays asiatique a accru ses investissements au Panama sous les administrations précédentes, ne sera pas renouvelé, a déclaré Mulino.
Nous étudierons la possibilité de le résilier prématurément, a-t-il ajouté.
Je ne ressens aucune véritable menace à l'heure actuelle contre le traité de neutralité, sa validité, et encore moins l'utilisation de la force militaire pour le respecter, a affirmé Mulino, ajoutant qu'il sera important d'avoir des entretiens en face à face avec Trump.
Rubio s'est ensuite rendu aux écluses de Miraflores par lesquelles transitent les navires entre le Pacifique et le canal. Les responsables du canal ont informé Rubio qu'un transporteur de gaz liquéfié battant pavillon panaméen entrait dans une écluse pour descendre vers le Pacifique.
La Chine a déclaré qu'elle ne joue aucun rôle dans l'exploitation du canal et qu'elle respecte la souveraineté et l'indépendance du Panama sur la voie navigable.
La Chine n'a jamais interféré", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, lorsqu'il a été interrogé sur les affirmations américaines le mois dernier, ajoutant que la Chine reconnaît le canal comme "une voie d'eau internationale en permanence neutre.
Rubio effectue sa première mission officielle alors qu'il cherche à recentrer la diplomatie américaine sur l'hémisphère occidental - en partie pour obtenir de l'aide pour endiguer la migration vers la frontière sud des États-Unis.
La visite reflète également le désir des États-Unis de contrer l'influence économique et politique croissante de la Chine en Amérique latine.
Mulino a également annoncé qu'un mémorandum d'accord signé en juillet avec le Département de la Sécurité intérieure des États-Unis pourrait être étendu pour permettre le rapatriement au frais des États-Unis de Vénézuéliens, de Colombiens et d'Équatoriens à travers le dangereux Darién Gap, via une piste d'atterrissage au Panama.
Le Darién Gap relie la Colombie au Panama et un nombre croissant de migrants font le voyage vers le nord pour atteindre les États-Unis.
Rubio a chargé le Département d'État de placer les questions de migration au centre de sa diplomatie avec les pays de la région. Les responsables ont déclaré que Rubio profiterait du voyage pour faciliter l'acceptation des États-Unis dans la région.