Le 13 février (Reuters) - Les nouveaux dirigeants de la Syrie passent au peigne fin les empires corporatifs valant des milliards de dollars appartenant aux alliés du président destitué Bashar al-Assad, et ont tenu des discussions avec certains de ces magnats, dans le cadre d'une campagne visant à éradiquer la corruption et les activités illégales.
Après avoir pris le pouvoir en décembre, le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui dirige désormais la Syrie s'est engagé à reconstruire le pays après 13 années de guerre civile brutale et à abandonner un système économique hautement centralisé et corrompu où les affidés d'Assad avaient la mainmise.
Pour ce faire, l'exécutif dirigé par le nouveau président Ahmed al-Sharaa a mis en place un comité chargé de disséquer les vastes intérêts corporatifs des magnats liés à Assad, notamment Samer Foz et Mohammad Hamsho, ont déclaré trois sources à Reuters.
Quelques jours après la prise de Damas, la nouvelle administration a émis des ordres visant à geler les sociétés associées à Assad et leurs activités, et a ultérieurement inclus spécifiquement celles figurant sur les listes de sanctions américaines, selon une correspondance entre la Banque centrale syrienne et les banques commerciales examinée par Reuters.
Hamsho et Foz, ciblés par des sanctions américaines depuis 2011 et 2019 respectivement, sont revenus en Syrie de l'étranger et ont rencontré des responsables de haut rang du HTS à Damas en janvier, selon un fonctionnaire gouvernemental et deux Syriens au fait de la question, qui ont requis l'anonymat.
Les deux hommes, largement méprisés par de nombreux Syriens ordinaires en raison de leurs liens étroits avec Assad, ont promis de coopérer avec les efforts de recherche de la nouvelle direction, ont affirmé les trois sources.
Accusé par le Trésor américain d'avoir profité de la guerre en Syrie, le conglomérat étendu de Samer Foz, Aman Holding, possède des intérêts dans les secteurs pharmaceutique, de la raffinerie de sucre, du commerce et des transports.
Les intérêts de Hamsho, regroupés sous le Hamsho International Group, sont tout aussi diversifiés, allant des produits pétrochimiques et métallurgiques à la production télévisuelle.
Hamsho, que le Trésor américain a accusé d'être un prête-nom pour Assad et son frère Maher, n'a pas répondu à une demande de commentaire de Reuters. Foz n'a pas pu être joint.
La mise en place du comité, dont les membres ne sont pas publics, et les échanges entre le nouveau gouvernement syrien et deux des magnats les plus proches du gouvernement d'Assad qui contrôlent de larges pans de l'économie syrienne, n'avaient pas été rapportés précédemment.
L'approche du nouveau gouvernement syrien à l'égard des entreprises puissantes liées à Assad, encore à préciser entièrement, sera cruciale pour déterminer le sort de l'économie alors que l'administration peine à convaincre Washington et ses alliés de lever les sanctions, estiment des analystes syriens et des hommes d'affaires.