MOSCOU, 30 jan (Reuters) - Les banques russes ont réalisé des profits annuels record de 4 billions de roubles (40,7 milliards de dollars) en 2024, a déclaré la banque centrale jeudi, alors que le secteur financier de la Russie continuait de se rétablir des sanctions, surfant sur une vague de taux d'intérêt élevés et d'une croissance solide des prêts.
Le taux directeur élevé de la banque centrale, actuellement à 21%, a stimulé les marges d'intérêts des banques, mais la croissance des prêts commence à ralentir alors que les coûts d'emprunt en hausse dissuadent certaines entreprises de chercher un financement pour des projets de développement, préférant plutôt conserver des fonds en dépôt.
Sans inclure les profits réalisés par les filiales et la réévaluation négative des titres, les profits du secteur s'élèveraient à 3,4 billions de roubles, a indiqué la banque dans un rapport, sans fournir de données comparables pour 2023.
Elle a déjà averti que les profits des banques baisseront en 2025 à mesure que les risques de crédit augmentent et que les marges se réduisent.
Le PDG du principal prêteur Sberbank, German Gref, a qualifié les taux d'intérêt élevés de "défi colossal" pour les entreprises et les banques, tandis qu'Andrey Kostin, à la tête de la deuxième banque VTB, a déclaré que des réglementations plus strictes entameraient également les profits des banques.
Les revenus nets d'intérêts des banques russes ont augmenté de 11% pour atteindre 6,7 billions de roubles en 2024, a indiqué la banque centrale.
La croissance des prêts aux entreprises, aux consommateurs et hypothécaires a ralenti en 2024, a déclaré la banque. Le ralentissement a été particulièrement marqué dans les prêts hypothécaires, où la croissance est passée à 12,4% l'année dernière contre un record de 34,5% en 2023.
L'émission de prêts hypothécaires, à 4,9 billions de roubles, était presque 40% inférieure à celle de l'année précédente.
Alexander Danilov, directeur du département de réglementation bancaire et d'analyse de la banque centrale, a déconseillé les comparaisons avec 2023, car il a estimé que cette année était une exception en termes de surchauffe et du colossal volume de l'aide de l'État.
Les dépenses gouvernementales croissantes liées au conflit en Ukraine ont stimulé la croissance économique, mais ont également alimenté l'inflation, contraignant la banque centrale à augmenter les taux d'intérêt à leur plus haut niveau depuis plus de 20 ans et à soulever des inquiétudes quant à une surchauffe économique.
La croissance des prêts aux entreprises de 17,9% en 2024 a été tempérée par une augmentation de 4,1% du volume des prêts non performants (NPL), bien que la part des NPL ait chuté à 3,8% en raison de la croissance du portefeuille.
Un groupe de réflexion de premier plan conseillant le gouvernement a déclaré la semaine dernière que la Russie pourrait faire face à une vague de faillites cette année, car la part des entreprises ayant des niveaux d'endettement risqués a doublé en 2024 et de nombreuses grandes entreprises se sont plaintes de taux d'intérêt élevés faisant augmenter leurs coûts d'emprunt.
« Les entreprises de la plupart des secteurs sont toujours assez rentables, ce qui leur permet de rembourser des prêts même aux taux actuels », a déclaré la banque. « Cependant, des difficultés pourraient survenir pour certaines entreprises avec un fardeau de dette élevé. »
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